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Drone. Pilotage mode d'emploi

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Malgré une législation complexe, les drones sont de plus en plus nombreux dans le ciel français. En Finistère, ils sont une poignée de professionnels à être homologués pour les faire voler. C'est le cas de Benoist Degonne.

Ils ont fait fureur au pied des sapins. Cette année, pour Noël, la mode était aux drones, ces petits aéronefs télécommandés qui font le bonheur des amateurs comme des professionnels. À l'image du photographe morlaisien Benoist Degonne, un des rares opérateurs bretons autorisés à voler avec ces drôles de machines qui ont fait polémique récemment.

C'est un phénomène nouveau. Depuis environ trois mois, une vingtaine de drones ont été repérés en train de survoler des centrales nucléaires françaises. Un procédé totalement illégal qui inquiète les autorités. « Ça représente une menace non négligeable. Potentiellement, il y a des risques. Car on peut très bien imaginer qu'ils transportent des explosifs », confie Benoist Degonne.

Plus de mille professionnels en France !

À 30 ans, le Morlaisien, installé rue Villeneuve, en connaît un rayon sur ces drôles de petits appareils à hélices, dotés de plusieurs moteurs électriques. Dont la batterie offre environ une dizaine de minutes d'autonomie. Voilà maintenant deux ans qu'il est homologué pour les faire voler. « Quand les drones civils ont commencé à se démocratiser en 2012, on était une quarantaine de professionnels en France. Aujourd'hui, on est à plus de mille. La plupart sont à Paris, autour de la vallée du Rhône et dans le sud du pays », indique le pilote, en regrettant cette inflation. « La plupart étaient encore au chômage il y a quelques mois. Ils ont saisi la balle au bond et cassent les prix. Le marché est désormais totalement saturé. Mais le tri va se faire naturellement ». La Bretagne, elle, n'est pas (encore ?) envahie par ces machines volantes. « On est seulement une douzaine d'opérateurs professionnels dans la région, dont cinq dans le Finistère. Ici, avec la météo et la législation plus compliquée qu'ailleurs, ça limite les velléités », renseigne l'ancien biologiste tourangeau d'origine, devenu photographe en 2008 en créant un studio qui porte son nom.

De 1.500 à 3.000 € la prestation d'une journée

« Je travaille à 98 % pour les entreprises. Quand je me suis lancé dans les drones, c'était pour élargir ma palette et pouvoir réaliser des photos et des vidéos aériennes », raconte Benoist Degonne qui, petit à petit, fait son nid. Château du Taureau, lac de Guerlédan, cap Fréhel... Ses trois drones ont survolé plusieurs sites remarquables de la région. Certaines images de l'émission « Des Racines et des ailes » consacrée récemment à la baie de Morlaix provenaient également des caméras installées sur ses aéronefs. « Je peux répondre à toutes les demandes et faire du sur-mesure », glisse le professionnel, qui travaille en binôme avec un collègue paimpolais. « Un pilote, l'autre cadre », décrit le Morlaisien, dont la prestation à la journée se chiffre entre 1.500 et 3.000 €. « Outre le prix relativement abordable, l'avantage avec le drone, comparé à un ULM par exemple, c'est qu'on propose des images très différentes car on peut s'approcher jusqu'à 2 m de l'objectif. Et puis, on peut aussi le faire décoller de chez soi, même si la législation est très stricte (lire par ailleurs) », souligne Benoist Degonne, en évoquant la concentration que nécessite le guidage. « Contrairement à l'avion, le pilote est au sol. Il faut avoir un oeil partout. C'est stressant ».

« Imaginez un drone tomber de 150 m... »

Et puis, c'est dangereux, également. « Imaginez un drone de 3 kg tomber de 150 m... Il transperce une voiture », fait observer le photographe-vidéaste, à qui il arrive de faire appel aux gendarmes pour sécuriser une zone. Sécurité et intimité. Deux facteurs à respecter en priorité. « Pour tout survol d'agglomération, une autorisation préfectorale est obligatoire », signale Benoist Degonne. Et elle n'est pas automatique. « J'avais pour projet personnel de réaliser des images aériennes de Morlaix, termine le spécialiste des drones. Mais comme ce n'était pas pour un client, ça m'a été refusé ».

EN COMPLÉMENT

Une formation pour devenir pilote

À compter de fin février, Benoist Degonne va lancer une formation pour devenir pilote de drone et ainsi voler en toute sécurité. D'une durée de deux à cinq jours, elle sera ouverte aussi bien aux particuliers qu'aux professionnels. Avec un minimum de deux élèves et un maximum de six. Au programme, à la fois de la théorie (fonctionnement, législation) et de la pratique sur la piste d'aéromodélisme de Morlaix qui se trouve sur le site de l'aéroport. Il en coûtera 150 € pour un particulier. « Pour les professionnels, le tarif n'est pas encore défini », indique le spécialiste, en précisant que la formation sera ponctuée par une intervention du directeur de l'aéroport morlaisien. « Paradoxalement, je vais former d'éventuels futurs concurrents. Mais je préfère me retrouver face à des gens qui ne font pas n'importe quoi et qui n'entachent pas la profession », indique Benoist Degonne, en ajoutant qu'un drone de loisir, dont la majorité pèse moins de 2 kg, coûte environ 500 €. Pour un professionnel, il faut compter de 2.000 à 50.000 €. Pratique Studio Degonne, tél. 06.73.55.78.54 ou contact@studio-degonne.fr. Site internet : www.studio-degonne.fr

« On ne peut pas faire ce qu'on veut ! »

Que ce soit par un professionnel ou en loisir, le pilotage d'un drone répond à des règles très précises. « On ne peut pas faire ce qu'on veut ! », s'exclame Benoist Degonne. « Pour nous, opérateurs, il y a des cours de théorie à passer. Et chaque appareil doit être homologué par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) », explique le pilote morlaisien, en précisant qu'il faut obtenir une autorisation à l'année pour réaliser des reportages hors agglomération. Pour les zones habitées, l'accord de la préfecture est indispensable. « En théorie, il n'y a pas le droit de s'approcher à moins de 30 m d'une personne. Et dans un rayon de 15 km autour d'un aéroport, on est dans une zone réglementée. Il faut l'autorisation de la tour de contrôle. De Morlaix à Brest, avec les aéroports et la base aéronavale de Landivisiau, un particulier n'a pas le droit de voler. Dans le Nord-Finistère, il reste les terrains d'aéromodélisme et quelques zones assez rares », souligne Benoist Degonne, en signalant que « si un drone venait à percuter un engin monomoteur style ULM, il y a de fortes probabilités qu'il finisse à terre ». Avec les conséquences que l'on devine...

Dix principes à respecter

Pour les utilisateurs d'un drone de loisir, voici dix principes pour voler en conformité avec la loi.

1. Ne pas survoler les personnes.

2. Faire voler son drone à une hauteur inférieure à 150 m.

3. Ne jamais perdre de vue son appareil.

4. Ne pas utiliser son drone au-dessus de l'espace public en agglomération.

5. Ne pas utiliser son drone à proximité des aérodromes.

6. Ne pas survoler les sites sensibles.

7. Ne pas utiliser son drone de nuit.

8. Respecter la vie privée des autres.

9. Ne pas diffuser ses prises de vue sans l'accord des personnes concernées et ne pas en faire une utilisation commerciale.

10. Se renseigner en cas de doute.

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